" Quand ton épouse t'injurie, imagine-toi qu'elle s'adresse à sa mère..."
Et, la bataille des coeurs eût vite été ajournée.
Le sang de l'amour bafoué n'eût été versé, fort inutilement.
Les plaies de l'âme, cicatrisées.
La journée aurait été vécue comme pareille à d'autres, dans la patience de l'amour.
Rien n'aurait été brisé, qui le fut, d'un bloc.
Rien.
Le son cristallin de la vie eût retenti de la même pureté.
Au plus fort de la querelle pour des peccadilles, La parole de la concordance :
" - Quelle chose étonnante ! Les pions d'ivoire, quand ils ont parcouru tout l'échiquier,
deviennent des rois, et les membres d'un pèlerinage, quand ils ont traversé le désert,
sont pires qu'ils n'étaient au départ..."
Le bon pèlerin est le chameau, qui se nourrit d'épines et porte des charges écrasantes, soit ce chameau dans ton couple en bataille !
Nous dûmes replonger dans le parfum de la méditation profonde, tel ce sage en discours sur nous :
- "Que me rapportez-vous de ce beau jardin où vous vous promeniez ? Moi, un jour j'ai aimé dans ce même jardin ;
j'avais rempli de roses le pan de ma robe, et je voulais vous les distribuer, mais leur parfum m'a tellement enivré que le pan de ma robe s'est échappé de ma main ; ô rossignol, le papillon t'apprend comme il faut aimer ! Brûlé d'amour, il a rendu l'âme en silence..."
La Poésie conclut l'alliance déchirée d'avec les puissances génératrices de l'amour et régénératrices de toute vie...
Je vois passer dans le bleu du soir les nuages porteurs d'une neige annoncée, qui ne tombe pas, le vent s'est fait
plus discret que la veille, le ciel finisté-rieur- est d'un bleu calque, aucune pluie, aucune neige, rien que ce passage fébrile de gros nuages peu décidés à verser l'averse glaciale et blanche sur le pays en attente, comme divorcé de La France, il est isolé, on ne sait si quelque chose émergera de ce bout de terre, je l'écoute, je le questionne du regard, repensant à cette note prophétique précitée du sage, en moi, qui me parlait, que je n'ai pas perçue...
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Ciel de nuit. La mer est noire. Encre noire. Jusqu'aux lueurs de Crozon et de Brest. Un incendie d'horizon sous le ciel clairement étoilé... Le vent s'est levé. Je ne vois pas la lune.
Je ne vois pas la lune.
Des cumulus blancs se pourchassent dans la nuit d'encre noire parsemée de diamants scintillants...
Je... ne.... vois...pas... La lune.
La lune s'est défaite du soleil, dans la nuit noire d'encre où se médite l'écriture du monde, sans elle...
La lune s'est échappée.
Revivre émotionnellement les mêmes situations, à des années de distance, en des lieux différents, ça trouble la concentration, l'esprit ne semble plus là, quand le mental n'est pas fixe, lui-même, tout se télescope, et les événements, et les tensions, et les idiomes, les dialectes, tous les silences, après, aussi, nid des frustrations et des peurs, nid des incompréhensions et de toutes les explications impossibles, tout se transvase et tout s'évase, semble nous échapper, présent-passé-futur ; quel est le moment, comment s'appelle-t-il, sans la présence de la lune ?
Lune, astre jumeau de la terre...